Expérience
Ma première expérience, je suis parti effectuer mon service national en coopération au Tchad au sein de l’office national de développement rural où je m’occupais du suivi des petits projets d’irrigation menés par les ONG le long des fleuves. Cela m’a donné envie de travailler ensuite pour des ONG parce que j’avais constaté qu’ils étaient au plus près des populations.
Ensuite, j’ai eu une expérience avec Action Contre la Faim, je suis parti d’abord au Soudan sur un programme de développement des cultures maraichères. En un an j’ai pu diffuser des semences de légumes, former à la culture maraichère ; j’ai travaillé avec des cuisinières qui faisaient des démonstrations sur les marchés pour montrer aux gens comment utiliser les légumes. A la fin de l’année scolaire les enfants repartaient avec un paquet de semences dans leur village ; ils avaient eu un jardin scolaire pendant l’année donc ils pouvaient le refaire chez eux. Mais je n’ai pas vu les résultats.
Après je suis retourné au Tchad où j’ai travaillé de 1988 à 1992 dans la grande palmeraie du nord, Faya-Largeau, pour relancer les activités agricoles après le départ de l’armée libyenne. J’ai passé 2 années complémentaires à Faya-Largeau pour le compte du GRET qui avait identifié le programme que je mettais en œuvre pour ACF. La paix étant signée avec la Libye, la France a financé un projet dans le nord et le GRET m’a mis à disposition de ce projet de développement intégré des palmeraies. Mon travail consistait à appuyer la relance des activités agricoles en améliorant les pratiques. Il y a eu des résultats sur les pratiques culturales, sur les réaménagements de sources, des clarifications sur les questions foncières, des études pour identifier les variétés de dattes, les transformer et les commercialiser, préparer l’aménagement de nouveaux périmètres irrigués avec de nouveaux forages qui se sont réalisés. Le fait de rester longtemps permet de constater des résultats.
A l’issue de ces 4 années dans les palmeraies, je suis parti à Abéché pour la coopération française, dans l’est du Tchad, où se mettait en place la sous-direction sahélienne de l’office national de développement rural, pour appuyer le sous-directeur à développer les activités. Je me suis occupé de lutte anti érosive, d’études de filières et de former des jeunes cadres qui revenaient de l’étranger.
Suite à cela, j’ai travaillé au Mali avec le programme de restructuration du marché céréalier qui s’occupait notamment de l’approvisionnement des stocks nationaux de sécurité alimentaire. Ceci m’a permis de commencer à m’intéresser aux dispositifs de prévention et de gestion des crises alimentaires qui constituent une question cruciale au Sahel. Le principal résultat a été de permettre aux groupements villageois d’accéder aux appels d’offres lancés par le gouvernement pour reconstituer le stock national de sécurité en céréales ; auparavant ce n’étaient que les commerçants J’ai réussi à faire adopter des modalités d’accès plus simples pour les groupements villageois avec un appel d’offres qui leur était dédié. Cela permet aux paysans d’avoir un bon revenu et de laisser aux commerçants le rôle d’approvisionner les villes. C’était couplé avec un travail que je faisais sur l’amélioration de la qualité des livraisons de céréales. Nous avions constaté que les livraisons paysannes étaient en général plus propres que celles des commerçants.
Ensuite j’ai eu un poste au cabinet du Premier ministre du Niger. Il s’agissait de restaurer le dialogue et la concertation entre le gouvernement du Niger et la communauté des bailleurs de fonds sur la gestion des crises alimentaires. J’ai choisi d’œuvrer à la restauration de cette confiance en proposant de concevoir ensemble un dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires. Le processus a duré assez longtemps, 3 ans et demi, pour arriver au consensus et s’est concrétisé par l’adoption de l’accord-cadre entre le gouvernement et les bailleurs de fonds pour l’instauration du dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires. Il était fonctionnel avec un système d’alerte précoce, un système d’information sur les marchés et un fonds financier de sécurité alimentaire destiné à acheter des céréales sur le marché régional ou international en complément du stock de céréales de sécurité (stocker coûte cher).
Au Burkina Faso, j’ai travaillé 4 ans pour la Commission européenne, sur un programme d’appui à la sécurité alimentaire du pays. Je me suis occupé du dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires mais aussi de soutenir des caisses villageoises d’épargne et de crédit autogérées. C’est dans ce pays que j’ai croisé la route de Pierre Rabhi.
Après cette expérience d’expatriation, il était temps de rentrer en France. J’ai effectué un bilan de compétences et réalisé quelques consultations au Niger, au Burundi et au Burkina Faso. Ensuite j’ai répondu à une offre de poste pour l’association Terre & Humanisme.
Récolte des dattes, palmeraie de Faya-Largeau, Tchad
Une expérience marquante
Sur l’ensemble de mon parcours à l’international, l’expérience qui m’a le plus marqué c’est celle dans la grande palmeraie du nord tchadien, un lieu isolé au milieu du désert à 1 000 km de la capitale, pour la rejoindre il fallait traverser les dunes d’un erg avec un guide. C’était très intéressant professionnellement car c’était une agriculture où les gens fonctionnaient par eux-mêmes avec les ressources locales et une inventivité dans les pratiques qui était très intéressante. A l’époque je n’avais pas entendu parler d’agroécologie mais c’était une forme d’agroécologie que les gens pratiquaient. C’était aussi intéressant parce que dans cet environnement on se retrouve face à soi-même, il n’y a pas de divertissement. Je travaillais en collaboration avec l’office national de développement rural et quand je suis arrivé là-bas je ne connaissais rien au palmier-dattier. J’ai demandé une parcelle à l’administration dans la palmeraie irriguée et j’ai commencé à cultiver comme les paysans locaux avec 2 d’entre eux pour comprendre comment ils faisaient et ensuite proposer des améliorations, des innovations mises en œuvre avec eux. C’était très formateur.
Le fait d’avoir connu les conditions des paysans, d’avoir pratiqué à leurs côtés, d’avoir pratiqué comme eux, que ce soit au cours de mes études ou de mes premières expériences professionnelles, cela me donne, je ne vais pas dire une légitimité mais je sais de quoi je parle en termes de pénibilité du travail, de contraintes, etc. car je les ai éprouvées. De ce fait, quand je suis ensuite passé à des postes plus institutionnels, cela me donnait une approche un peu singulière par rapport à des gens qui n’avaient qu’une approche de dossiers. J’ai la chance d’avoir eu cette expérience pratique.
Engagement associatif
Je suis arrivé à Lablachère dans cette association formant à l’agroécologie, Terre & Humanisme, alors qu’elle recrutait son directeur. C’était une petite association qui commençait à grossir et il fallait quelqu’un pour la piloter. Mon travail au début a été, avec l’équipe en place, de mettre en route la formation d’animateurs en agroécologie pour démultiplier la transmission ; puis de structurer le bénévolat, de faire en sorte que les jardins soient convaincants et puissent refléter ce que l’agroécologie peut fournir. Jusque-là ce n’était pas le cas, il manquait des ressources humaines. J’ai donc recruté pour étoffer l’équipe. L’offre de formation est passée de 3 – 4 semaines à 26 semaines par an en quelques années. Nous avons refait le site web.
Les activités et l’effectif grossissant, on a vécu une petite crise de croissance, notamment en matière de communication interne car plusieurs métiers coexistent (jardins, formation, international, etc.). On a travaillé avec le CA à un nouveau projet associatif. Ensuite, il fallait regarder les fonctions, les profils et compétences des gens, si des personnes devaient partir, monter en compétence ou s’il fallait recruter. Il s’est avéré que le profil de la direction devait être celui d’un manager. La représentation du management que j’avais à l’époque a fait que j’ai déclaré ne pas être intéressé alors que maintenant j’aurais peut-être accepté de poursuivre à la direction. Il fallait développer le pôle solidarité internationale et j’ai été volontaire pour prendre ce poste-là. Même si je continuais à faire des missions de suivi à l’international en tant que directeur, là j’allais pouvoir me concentrer sur ce que j’aime le plus : travailler avec des partenaires dans des cultures différentes, dans des milieux différents. J’ai donc occupé ce poste de responsable du pôle solidarité internationale. TH travaille avec des partenaires locaux avec des conventions de partenariat. L’objectif est de former des compétences locales, des formateurs pour éviter de se déplacer souvent là-bas et que les gens puissent se former entre eux. C’est aussi d’appuyer la professionnalisation des associations partenaires pour qu’elles s’inscrivent dans la durée pour qu’elles puissent développer l’agroécologie dans leur pays. Et donc nous avons mis en place des formations d’animateur endogène dans ces pays.
Je suis beaucoup allé au Burkina Faso, le pays où Pierre Rabhi s’était investi, au Mali, au Maroc. Au nord Mali, près de Gao, nous ne pouvons plus y aller mais il y a un partenaire très solide qui a compétence sur tout le pays. On a beaucoup travaillé ensemble, mais on se voyait à côté de Bamako où se trouve un autre partenaire, ou bien au Burkina. Le nombre de partenaires a augmenté au Burkina suite aux formations d’animateur mises en place. Il y a des stagiaires qui ont monté leur propre structure pour transmettre l’agroécologie. L’autre pôle c’est le Maroc où il y a un partenariat ancien. C’est très important pour moi, quand on est partenaire ce n’est pas que sur le papier. Tout ne se règle pas par courriel, téléphone ou à distance, on a aussi besoin de se rencontrer. Ce qui cimente un partenariat c’est la relation humaine avant tout. Il vaut mieux que cela soit la relation humaine plutôt que la relation financière qui introduit une forme de, je ne vais pas dire de colonisation car c’est connoté, mais c’est moi qui ai l’argent donc c’est moi qui décide. Je m’inscris en faux par rapport à cela. Ce sont vraiment les gens sur place qui décident et on fait ce qui est possible pour les accompagner en fonction des finances disponibles. D’où ces missions de suivi qu’on pourrait nommer missions de renforcement des partenariats.
J’ai aussi effectué des missions de prospection ou d’identification. C’est comme cela que je suis allé au Cameroun, en Palestine, à Cuba, en Grèce, en Tunisie.
Ferme de démonstration de Terre et Humanisme Maroc à Dar Bouazza, banlieue de Casablanca
Tulkarem, Palestine, retrouvailles avec les paysans formés en France en 1994
En Palestine, nous n’avions pas de partenaire, il y avait des contacts qui dataient des Accords d’Oslo (1993) et il fallait aller sur place pour tenter de retrouver les personnes qui avaient été formées à l’époque. Par ailleurs, on avait été contacté par l’association des agronomes arabes qui était venue nous voir à Lablachère. Cela avait du sens d’aider cette population à être autonome au niveau alimentaire et à mettre en valeur ses terres sans polluer. Il fallait aussi aller voir sur place ce que faisait cette association et décider si un partenariat était envisageable. Cela a été le cas et on ne l’a pas regretté par la suite. A peine le partenariat conclu avec AAA, elle organisait la première conférence nationale sur l’agroécologie en Palestine. Il y a un grand dynamisme. Le responsable a été formé en Russie et j’ai découvert qu’il existait beaucoup de livres sur l’agroécologie en russe. C’est un vrai militant de l’agroécologie et les choses ont démarré sur les chapeaux de roues. Aujourd’hui le soutien aux programmes de formation se poursuit : formation des femmes sur les jardins familiaux, et construction d’un centre de formation inspiré du modèle de TH, un lieu de formation inclus dans une ferme en production en agroécologie. Tous les ans il reçoit quelques ingénieurs agronomes en fin d’études qui viennent passer un an avec lui pour se spécialiser en agroécologie et qui seront autant de messagers. Il travaille dans le village de Farkha qui va devenir un éco-village ; il a mobilisé du monde et une réunion du GEN (Global Ecovillage Network) s’est tenue dans ce village. Si je n’avais pas été sur place, 10 jours pour se connaitre, voir les réalisations et l’engagement local, il n’y aurait pas eu les moyens financiers pour démarrer ces activités.
En Grèce, cela n’a pas débouché sur un partenariat pour des raisons économiques : TH n’avait pas de fonds disponibles et sur place ils avaient du mal à réunir des moyens financiers. Il y a eu des formations et depuis c’est au point mort. Cela a cependant permis de tisser des liens. En Tunisie, il s’agissait de construire un nouveau partenariat.
Cuba a pris la voie de l’agroécologie par obligation après la chute de l’Union soviétique et en raison de l’embargo étasunien. Ce pays a développé de nombreux savoir-faire en agroécologie. Après avoir fait réaliser une étude sur l’agriculture cubaine et la place de l’agroécologie, j’ai participé à un séminaire international sur l’agroécologie organisé par l’association des petits paysans cubains, ANAP, à La Havane. Au-delà de l’intérêt des visites de fermes, les contacts établis ont permis d’organiser ensuite un voyage d’échanges de partenaires africains et palestinien.
Ce qui a été le plus déterminant, le plus riche pour moi, c’est tout ce que j’ai appris en agroécologie au niveau des pratiques, j’ai augmenté mon bagage technique même si je n’étais pas dans les jardins. Le fait d’être dans la conception des formations, de suivre tout ce qui se faisait aux jardins, de participer à un certain nombre de stages pour les tester, m’a permis par exemple de me former à l’apiculture, au compostage, etc. J’ai acquis beaucoup de savoir-faire techniques.
Association tabac-cocotier-avocatier, province de Pinar del Rio, Cuba © Dorian Félix
Et puis j’ai eu à donner des conférences, ce que je n’avais jamais fait auparavant, j’ai réalisé que contrairement à beaucoup de gens cela ne me stresse pas d’être face à un public, j’ai découvert que c’était fluide (c’est comme le fait de chanter en groupe devant un public). Je sais que j’ai des choses à améliorer dans la posture, savoir quoi faire de mes mains, ne pas me tourner vers le diaporama mais vers le public.
J’avais travaillé avec de petites équipes ou avec des manœuvres, mais c’était très intéressant de travailler avec une équipe de fortes personnalités où tout le monde est au même niveau pour œuvrer dans le même sens. Même si j’avais la fonction de directeur, je ne me sentais pas au-dessus des autres et je pense que je n’étais pas perçu comme tel.
Consultations
Les premières consultations que j’ai réalisées se situent l’année où je suis rentré d’Afrique avant de rentrer à Terre & Humanisme. Comme je travaillais sur les questions de dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires et que peu de gens travaillent dans ce domaine, j’ai été vite sollicité.
Paysan nigérien devant son champ, présentant la variété locale de poivron Corne-de-bouc, rive de la Komadougou Yobé, Niger
Fin 2005, pour une première mission au Niger, vers le lac Tchad, le long de la frontière du Nigeria, une région où on ne peut plus aller pour des raisons de sécurité. La problématique était la suivante : la note de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire établie chaque année par le système d’alerte précoce est basée sur les récoltes céréalières et le prix du bétail ; la note de vulnérabilité pour cette région était très élevée car il n’y a que très peu de récoltes céréalières en raison du peu de pluie. Mais la culture du poivron, exporté au Nigeria, s’est développée à partir de la rivière Komadougou qui fait frontière avec le Nigeria. Certains affirmaient que les revenus du poivron étaient très importants et que la note ne reflétait pas la réalité car avec l’argent du poivron les gens pouvaient s’approvisionner en céréales. Il fallait donc déterminer si les ventes de céréales à prix social étaient justifiées ou si les gens pouvaient acheter suffisamment de céréales avec la vente du poivron. Nous avons étudié les revenus des producteurs, décrit le commerce local et le fonctionnement de la filière poivron. Nous avons montré que l’activité était rentable pour la grande majorité des producteurs et leur permettait d’acheter les céréales nécessaires, mais que le mode d’exploitation dégradait les sols et épuisait la ressource en eau. Je travaillais pour un bureau d’études sur un appel d’offres de la commission européenne, avec le système d’information sur les marchés du Niger et un socio-économiste burkinabè que j’avais mobilisé et avec lequel nous avons conçu les enquêtes.
La deuxième consultation, 3 semaines au printemps 2006, était au Burundi avec un bureau d’études pour le compte de la commission européenne dont la délégation voulait mettre en place un dispositif de prévention des crises alimentaires. Mais au Burundi, une grande partie de l’alimentation est constituée de haricots, bananes, tubercules qui ne se conservent pas aussi facilement que des céréales et cela nécessite un volume de stockage irréaliste. Le résultat a été de recommander d’éviter un copier-coller de ce qui se fait au Sahel mais de travailler sur le marché, les flux commerciaux et les capacités de stockage des commerçants pour approvisionner la population en cas de crise alimentaire.
Au Burkina Faso, mon ancien responsable burkinabè avec lequel j’avais travaillé 4 ans, m’a fait venir une dizaine de jours pour rédiger le manuel de procédures de mobilisation du fonds financier de sécurité alimentaire (environ 1 milliard de FCFA constitué par les bailleurs de fonds pour pouvoir acheter des céréales sur le marché mondial ou régional en cas de crise alimentaire majeure).
Culture de Moringa oleifera, Réo, Burkina Faso
Les consultations consistent en général à aller sur place pour étudier une problématique. Cela peut se dérouler dans des conditions très différentes et pour des durées variables :
La première consultation au Niger était une mission de 5 semaines, lourde. En arrivant dans le pays, il fallait tout faire, se loger, louer une voiture avec chauffeur, chercher où loger dans la ville de l’étude qui n’avait ni hôtel ni restaurant, etc. Heureusement pour tout le monde, j’avais vécu durant 3 ans et demi à Niamey 4 ans auparavant et j’avais encore des contacts. L’argent du bureau d’études n’arrivait pas et on est parti sur le terrain 3 semaines sans rien payer, et j’ai tout réglé au retour à Niamey.
Quand c’est avec un bureau d’études, c’est lui qui négocie avec le financeur et il prend une marge importante. Maintenant que j’ai un statut indépendant via Pollen Scop, c’est moi qui négocie avec le demandeur. Cela permet de travailler dans des conditions plus confortables surtout lors de missions courtes où on n’a pas de temps à perdre avec les questions de logistique.
Préparation traditionnelle du sol avant le semis du blé, Bene Heasar, Kaboul, Afghanistan
En Afghanistan, le gouverneur de la province de Kaboul souhaite développer l’agroécologie dans sa province. Le ministère de l’agriculture et l’AFD qui l’appuie ont demandé à s’assurer au préalable que l’agroécologie fonctionne bien dans les conditions locales. Nous sommes partis en novembre 2016, 2 consultants pour concevoir et piloter la mise en place de parcelles de démonstration sur des fermes appartenant à l’état, avec l’aide d’Ahmad, un Afghan qui a été missionné pour travailler avec nous, une personne dont j’ai apprécié la compétence et le sérieux. On a choisi de réaliser sur chaque site des parcelles qui correspondent à la surface moyenne cultivée par un paysan de la province. Et on a mis en place les mêmes cultures que les paysans. On introduira des innovations au fur et à mesure. Pour la suite, on a proposé des missions de suivi. J’ai proposé de constituer un comité de pilotage des essais avec des leaders paysans des environs pour les associer à notre travail, qu’ils puissent tester les pratiques chez eux et s’ils sont convaincus, la transmission de la démarche se fera. Si les gens sont acteurs, viennent et participent aux choix des itinéraires techniques, ils sont associés et pourront tirer leurs propres conclusions. Elles seront fondées sur leur constat et non sur des résultats qui leur seraient communiqués. A Cuba j’ai appris un dicton populaire qui dit « le paysan apprend avec ses yeux ». Ce n’est pas en parlant ou en produisant des documents que l’on convainc les gens, c’est en les associant au travail. Pour moi, c’est un point capital. L’AFD nous a totalement pris en charge au niveau logistique compte tenu des exigences de sécurité.
En décembre 2016, départ pour l’Ouganda, pays dans lequel l’ambassade de France souhaite développer l’agroécologie. En 7 jours, je devais comprendre le contexte, rencontrer beaucoup de monde, pour produire une note de stratégie argumentée. Cela m’a permis de découvrir que l’agriculture biologique était bien développée et que des acteurs locaux diffusaient l’agroécologie. Une situation favorable !
En mars 2017, je me rends en Algérie avec l’association Coup de Soleil Rhône Alpes qui milite pour les échanges culturels et le rapprochement entre les gens des deux rives de la Méditerranée. Elle s’intéresse aux questions environnementales et à la promotion de l’agroécologie. Plusieurs partenaires en Algérie travaillent à la protection de l’environnement, avec des paysans et des femmes qui transforment les produits. Ils m’ont demandé de venir 12 jours les aider à identifier des projets pour lesquels ils chercheront des financements. Ils ont pris en charge tous mes frais et me paieront des honoraires sur un financement ultérieur. C’est une sorte d’investissement qui a du sens car pour trouver des fonds, il faut avoir un projet commun avec un partenaire et un budget. Je vais les appuyer dans la formulation des dossiers de projet. Je suis optimiste, sinon ce sera ma part de bénévolat.
Visite du rucher de l’Institut de recherche en agriculture de Kabanyolo, université de Makerere, Ouganda
Après les consultations, il y a toujours du temps à consacrer à la rédaction des rapports. Donc le temps passé sur place ne représente pas tout le temps consacré à la consultation. Les déplacements c’est en moyenne 10 jours par mois, sur les 15 jours qui restent il y a la rédaction des rapports, répondre au courrier, prospecter. Il peut y avoir du suivi à distance, par exemple avec Kaboul 2h par semaine pour le suivi des parcelles d’expérimentation.
Conférences et débats
Terre & Humanisme a été régulièrement sollicité pour des conférences par d’autres associations. Par exemple, une représentation locale de Peuples Solidaires a demandé une conférence sur l’agroécologie à l’occasion d’un évènement qu’ils organisaient. J’en ai fait plusieurs en France mais aussi en Allemagne pour les Instituts Français, à Tunis au Forum Social Mondial avec nos partenaires marocain et tunisien. Le témoignage marocain pouvait ainsi inspirer la jeune association tunisienne.
En Inde, lors d’un voyage privé, j’ai été sollicité au pied-levé pour présenter l’agroécologie en anglais devant des chefs de service de l’institut national des forêts et des chercheurs en lien avec l’agriculture. Cela m’avait rassuré sur ma capacité à m’exprimer en anglais mais aussi permis de constater mes carences de vocabulaire et ma difficulté à comprendre certaines questions.
Conférence pour le lancement de la Fondation Pierre Rabhi en 2010 avec Marion Cotillard, Pierre Rabhi, Fettouma Benabdendi et Pierre-François Pret (de droite à gauche)
Conférence pour Peuples Solidaires dans les Monts du Lyonnais
En Ouganda, c’était à l’occasion d’un évènement pour célébrer l’anniversaire de l’accord de Paris à la COP21, organisé par l’ambassadrice. Une centaine de personnes étaient invités à voir le film « Demain » ; ensuite il y avait un débat en anglais sur les questions suscitées par le film.
Deux conférences en Algérie, à Mascara et à Constantine.
Cette activité de conférencier arrive sur le tard mais c’est une chance de pouvoir la mener car cela permet d’informer des gens très divers sur ce qu’est l’agroécologie, donner des témoignages. Cela fait partie de mon travail d’éveiller les consciences au respect de la vie.